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Les pensées font leurs drôles de vies
23 novembre 2019

Planète

Installez-vous quelque part, loin, si vous le pouvez, sans pollution nocturne.

Devant moi, la végétation luxuriante s’étend par-delà des dunes équatoriales. La nuit est trop avancée pour que je n’en distingue les couleurs, mais j’entends les feuilles qui frémissent au gré du vent. Vers l’horizon, je devine la mer, touchant le sombre ciel. L’éclat de la lune bleuté, et ses compères scintillants, dévoilés parfois par de furtives percées dans la masse nuageuse, m’accompagnent. Le ciel ce soir, est un tableau mouvant.

Je rends hommage à Pierre Botero, mon auteur d’enfance, dont je n’ai pu m’empêcher de chiper le livre, posé sur le lit de ma petite sœur endormie. Assise dans l’herbe sur le terrain en pente, je fume ce joint étrange, et, parvenant bientôt à la dernière bouffée, je crains soudain que la magie de la scène ne s’éteigne avec lui. Mais je me trompe. Rodrigues. Rodrigues apaisante, Rodrigues vivante. Le silence de la nuit est troublé par des aboiements et puis, dès 2 heures du matin, les coqs hurlent à tue-tête. Tout à coup, un groupe de personnes se met à crier. Mais peut-être chantent-ils (« L’alcool c’est de l’eau mon ami ! »). 

L’agitation retombe, et le ciel se dégage : je poursuis mon rendez-vous galant avec la lune. Je pense à la distance immense qui nous sépare elle et moi, j’essaye de me représenter sa taille réelle, alors que je peux encercler son bel ovale entre mon pouce et mon index. Fidèlement, elle me rappelle où je me trouve : sur une planète. Une planète dans ce beau système solaire… Imaginez-vous cela ? 9 planètes, tenues fermement en bride par la force gravitationnelle, se déplacent sur des rayons calibrés, sans jamais déroger de leur trajectoire, en une danse de cercles autour d’une boule de feu, quelque part dans le cosmos ténébreux.

Vision divine… Que nous oublions souvent.

Nous sommes les éminemment chanceux habitants de l’une de ces planètes dans un des infinis, parait-il, systèmes solaires de l’univers. Oui, parce que jusqu’à preuve du contraire, on n’a pas entendu parler de vie autour de nous, et ce à des milliers d’années lumières à la ronde. Ainsi, les végétaux, les animaux, et nous-autres, les humains, avons pu se déployer ici, sur cette Terre, résultat peut-être aléatoire d’une foule de réactions depuis une origine ultime, amenant à ce havre de conditions propices à la vie.

Nous oublions que l’univers nous a accordé encore 5 milliards d’années à vivre avant que le Soleil ne meure. Et que faisons-nous ? Nous nions la possibilité de nous tuer nous-même. Que croyons-nous ? Qu’un Dieu suprême viendra nous sauver ?

Il est vrai nous ne manquerions pas beaucoup à ce beau complexe.

Pourrons-nous un jour arrêter de nous regarder le bide ? …

Ethnocentrisme quand tu nous tiens.

kupka la voie du silence

 

 

 

 

                                                                     

                                                                                                                                                               

   

 

 

 

   Kupka, La voie du silence, 1903

 

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